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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 16:47

 En 2019, tous les Coréens ont été étonnés d'apprendre que le film "Parasite" avait gagné l'Oscar du meilleur film, et la Palme d'or au festival de Cannes.   D'autant plus, que pour l'Oscar, c'est le premier film en langue étrangère a avoir obtenu ce prix. Et puis, sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos et photos, qui parodient le film, sont énormément partagées. Dans le film, il y a beaucoup de métaphores de la société contemporaine coréenne, c'est sans doute pour cela que ce film a eu un grand succès auprès du publique. En effet, de nombreuses scènes du film nous dévoilent des problématiques coréennes. 

 

Pour mieux comprendre "Parasite", nous allons présenter notre analyse, et vous montrer le point de vue des coréens.

l'affiche du film "Parasite"

l'affiche du film "Parasite"

Synopsis du film :

 

  Le film raconte l'histoire d'une famille qui habite dans un sous-sol insalubre, dont tous les membres combattent pour chercher à n'importe quel prix un travail afin de se nourrir.

  Un jour Ki-woo, le fils, a l'occasion de faire du tutorat pour la fille des Park, une famille riche. Sa sœur, Ki-jung, l'aide à falsifier un diplôme afin de tromper la famille et d'être embauché. Dès lors, Ki-woo planifie de remplacer tous les autres employés de la famille Park avec les siens. Il présente KI-jeong comme une spécialiste de l'art thérapeutique, Ki-taek, son père, devient le chauffeur de monsieur Park, enfin ,Chung-sook, sa mère prends la place de la gouvernante...

 

Le sujet et l'analyse du film

 

  le réalisateur montre la bipolarisation de la société coréenne à travers deux familles que tout oppose.

   D’un côté, la famille Kim représente les pauvres, et de l’autre côté, la famille Park symbolise les riches. Les scènes du quotidien de chaque foyer sont exposées sous la forme de contrastes. Alors, en tant que spectateur, nous voyons la différence entre les deux, et plus précisément, au niveau de leur qualité de vie.

   Ki-woo(le fils) et sa famille habitent dans un sous-sol miteux. Un soupirail est l'unique petite fenêtre, il y a donc peu de luminosité chez les Kim. Au dîner, M. Kim crie sur un homme qui urine à côté de leur fenêtre. L’image de l’habitat de M. Kim est dépeinte comme étant noir et sombre.  
   

"Parasite" : un miroir de la société coréenne

  A l'opposé, M. Park réside dans une grande maison propre. Parce qu’il y a de grandes baies vitrées dans tout le séjour, la maison est bien ensoleillée. M. Park et sa famille ne sont pas dérangés par les bruits. Le blanc et la lumière représentent les Park.

   La situation financière fait que les deux familles ont des soucis différents. On entend Ki-woo dire : « Mme Park, elle est trop gentille, elle ne doute jamais ! ».

   Ki-woo souligne ici la naïveté de Mme Park. Puisqu'elle n’a pas de problèmes sérieux, c’est une femme plutôt naïve. Pour Mme Park, il ne faut pas être sensible. Tout ce dont elle se préoccupe, est la mise en scène de la fête d’anniversaire de son fils, ou bien encore la note d’anglais de sa fille. À l'inverse, M. Kim pense toujours à l’argent. Pour lui, gagner sa vie est son problème principal, le plus sérieux. On peut donc constater que chaque classe sociale a des préoccupations complètement différentes. 

  Il y a souvent des escaliers dans le film. Par exemple, le moment où tous les membres de la famille Kim descendent des escaliers interminables sous une grosse pluie, démontre l’écart entre les deux classes sociales. Ki-woo et sa famille descendent et descendent encore. Lorsque finalement, ils arrivent chez eux, leur maison est submergée par les eaux. Toutes les marches qu’ils ont descendues correspondent, en fait, à leur retour dans l’échelle sociale à laquelle ils appartiennent.

 

  Dans la maison de M. Park, il y a des escaliers pour parvenir jusqu’au bunker. En bas, le mari de la gouvernante y habite depuis longtemps. Cependant, la famille Park ne le sait pas. C’est comme la société où l’on vit. Les riches ne connaissent ou ne se rendent pas compte de la présence des pauvres, sauf lorsqu'il s'agit d'odeur. Quelle en est la raison ? C’est très facile. Les riches ne peuvent pas voir, ni sentir les pauvres, comme s'ils vivaient loin d’eux. Il semble que le monde des riches et que celui des pauvres soient trop verticaux, et se situent trop loin l’un de l’autre. Alors, ces deux mondes n’ont pas de chance pour se rencontrer, du moins pour se comprendre mutuellement.

  Puis, la relation entre la famille Kim et la famille de la gouvernante est également très intéressante.  À première vue, les deux font partie de la même classe puisqu’ils se battent pour monter dans l’échelle sociale. À la découverte du bunker, Mme. Kim souhaite dénoncer la gouvernante et son mari pour se faire bien voir par la famille Park. Peu de temps après, c’est la gouvernante qui est prête à dénoncer la duperie de la famille Kim. On peut donc remarquer que les pauvres ne s’entraident pas. Ils regardent inconditionnellement leur but. Ils rabaissent les autres pour atteindre la lumière. Pour un rayon d’espoir, pour arriver au-dessus, les pauvres se frappent et font couler du sang. Pendant ce temps, les riches n’ont pas conscience de la condition des pauvres. Ils profitent de leur vie, sans aucun souci. 

Est-ce que toutes les scènes sont exagérées?

 

Selon une recherche sur les revenus des travailleurs coréens, seul 10% des citoyens gagnent plus de la moitié de l'ensemble des revenus du pays. Cela s'explique par le concept de chaebol.  Un chaebol est une très grande entreprise cumulant à la fois les concepts économiques de concentration verticale et horizontale. les entreprises Samsung et Hyundai sont sans doute les exemples les plus caractéristiques. Ces entreprises sont aux mains de groupes familiaux puissants qui jouissent d'une richesses écrasante. Le problème, c'est que ce phénomène de bipolarisation perdure de génération en génération puisque les gérants des chaebol transmettent toutes leurs richesses à leurs enfants. Résultat : Cette habitude sociale entraîne un sentiment d'échec dans le reste de la société coréenne. Comme la famille de Ki-woo, la plupart des coréens se rendent compte que la mobilité sociale ascendante est quasiment impossible malgré tous leurs efforts. Au lieu de se fâcher ou de lutter pour changer la situation, ils s'adaptent.

 

En Corée du Sud, cette bipolarisation a engendré une classe sociale invisible. En 2004, il y a eu un événement qui a fait parler de la Corée. La fille d'un grand patron d'un chaebol, mécontente du service des hôtesses, a exigé que l'avion de ligne dans lequel elle voyageait fasse demi-tour. Les gens riches croient souvent que la richesse justifie tous leurs caprices et toutes leurs méchancetés en se considérant comme une classe privilégiée. Bien que la famille Park ait l'air naïve et sympathique, monsieur Park met l'accent sur l'importance de respecter les limites. Lorsque l'odeur du bas peuple dépasse les limites, il exprime son dégoût, ainsi, il intime ses domestiques à rester à leur place.

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Article publié par : Minjeong Kim & Hyerin Hwang - dans Télévision et Cinéma
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Commentaires

P
Bonjour,<br /> <br /> J'ai particulièrement apprécié votre article, il est très juste. Cependant, je voudrais juste dire qu'il ne faut malheureusement pas se leurrer et que ces inégalités sociales existent bel et bien en France. Sous couvert "de vous pouvez accéder à tous niveaux d'études" on veut faire croire que tout un chacun a une chance égale. Admettons ! Mais avec beaucoup de pugnacité, d'abnégation et de courage tout de même ! Mais dans le fond, je ne suis malheureusement pas certaine que cela soit complètement vrai. Ici comme ailleurs, si vous êtes riche et bénéficiez d'un réseau, et l'un va avec l'autre, il vous sera beaucoup plus facile, mais aussi, tout simplement possible, d'intégrer une bonne école et donc un bon avenir pour la suite. <br /> Donc, peut-être, certes, un peu plus de chance en apparence, de suivre des études de ce côté-ci de la terre. Mais pas facile de se dire qu'il faut que l'on travaille à mi-temps pour pouvoir manger quelque peu alors qu'on est étudiant et surbooké et d'entendre à l'interclasse : "Oh ma mère, elle m'énerve ! Elle m'a demandé de lui trouver un appartement à acheter. Mais elle ne se rend pas compte ! Avec 20 millions d'euros on a plus rien de potable !".<br /> La distance ahurissante entre riche et pauvre et malheureusement encore trop fréquente et ce, dans tous les pays du monde. Bon, 화이팅 ! Ne baissons pas les bras ! C'est vous les jeunes qui changerez ce monde ! Et bravo pour votre Amour du français et de votre culture native et votre envie de partager ! Ca met du baume au cœur !<br /> Palou P
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C
Bonjour Palou, je suis Chaeyeon.<br /> Merci de l'intérêt que vous portez au notre blog. J'ai lu avec l'intérêt votre commentaire.<br /> Je pense non seulement les jeunes, mais tout le monde devrait réfléchir aux moyens pour un bon avenir dans divers domaines. Le monde sera meilleur si on coopérer ensemble.<br /> <br /> Merci encore pour votre commentaire.<br /> Chaeyeon
A
Je viens de découvrir ce blog grâce à l'une de mes étudiantes qui vient de faire un stage auprès de vous, Alicia. Je vous félicite pour votre travail, la qualité de vos écrits... et merci pour ces éclairages culturels sur un film que j'ai vu, me laissant enivrer par les sons de la langue coréenne (avec un sous-titrage en français!), qui est également une très belle langue. Bravo à tous !
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E
Bonjour Anneline,<br /> Merci beaucoup pour vos encouragements. <br /> Si d’aventure il vous arrive de croiser Alicia, saluez la très chaleureusement de ma part.<br /> Rodolphe
C
J'ai adoré ce film. Ce genre de quartiers défavorisés se trouvent dans quelle partie de Séoul? Est-il 'safe' de s'y balader en tant que touriste?
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E
Bon jour Caroline,<br /> Le blog s'endort à chaque vacances universitaire ... et reprends vie à chaque rentrée ... Malheureusement, vos commentaires sont arrivés dans ces moments de léthargie ... Mais nous avons repris nos plumes et un nouveau groupe d'étudiants a commencé à se remettre à l'ouvrage.<br /> A bientôt, j'espère le plaisir de lire un de vos prochain commentaire.<br /> Rodolphe
M
bonjour :)<br /> En France, les bourgeois de Vizille, se révoltant contre l'aristocratie ont amorcé la Révolution Française en 1788, suivis par le peuple et des têtes ont roulé au bas de l'échafaud l'année d'après, mais couper la tête d'un roi ne suffit pas !<br /> Et si nous refaisions une révolution mondiale cette fois-ci ? Le peuple aurait-il plus de poids ?
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